De nombreuses entreprises chinoises à succès tentent de dissimuler leurs origines pour éviter les obstacles réglementaires et les préjugés dans les marchés occidentaux. Voici quelques exemples de ces stratégies d’adaptation.

Binance : le géant des cryptomonnaies qui fuit la Chine

Binance est la plus grande plateforme d’échange de cryptomonnaies au monde, mais elle ne veut pas être considérée comme une entreprise chinoise. Elle a été fondée à Shanghai en 2017, mais a dû quitter la Chine quelques mois plus tard en raison d’une répression majeure du secteur par les autorités. Son histoire d’origine reste un boulet pour l’entreprise, selon son PDG Changpeng Zhao, mieux connu sous le nom de CZ. « Nos opposants en Occident font tout leur possible pour nous présenter comme une ‘entreprise chinoise », a-t-il écrit dans un billet de blog en septembre dernier. En faisant cela, ils ne nous veulent pas du bien.

Voici une vidéo en anglais présentant cette entreprise :

Binance affirme ne pas avoir de siège social fixe et ne pas opérer en Chine, ni y avoir de serveurs ou de données. Elle a également recruté des cadres étrangers pour diriger ses filiales régionales, comme l’ancien sénateur américain Max Baucus ou l’ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre Brian Winter.

PDD : le propriétaire de Temu qui s’installe en Irlande

Temu est un marché en ligne qui a connu une croissance rapide aux États-Unis et en Europe, se présentant comme une entreprise américaine détenue par une multinationale. La société est basée à Boston et sa maison mère, PDD, a son siège social à Dublin. Mais ce n’était pas toujours le cas. Jusqu’à cette année, PDD était basée à Shanghai et s’appelait Pinduoduo, également le nom de sa plateforme de commerce électronique très populaire en Chine.

Mais au cours des derniers mois, l’entreprise a changé de nom et déménagé dans la capitale irlandaise, sans fournir d’explication. Selon certains analystes, ce changement pourrait être motivé par des raisons fiscales ou par le désir de se distancier du marché chinois, où Pinduoduo fait face à une concurrence féroce et à des critiques sur ses conditions de travail.

Shein : le géant de la mode rapide qui se cache à Singapour

Shein est un autre exemple d’entreprise chinoise qui joue la carte de la discrétion. Ce géant de la mode rapide en ligne a gagné en popularité aux États-Unis en 2021, mais son site web ne mentionnait pas son histoire, y compris le fait qu’il a été lancé en Chine. Il n’y avait pas non plus d’adresse physique ou de numéro de téléphone sur le site.

Depuis lors, Shein a déménagé son siège social à Singapour et a ajouté quelques informations sur son origine et sa mission sur son site web. Mais elle reste très secrète sur ses opérations et ses propriétaires. Certains observateurs suggèrent que Shein cherche à éviter les accusations de contrefaçon ou de dumping qui pourraient nuire à sa réputation.

Ces trois exemples montrent comment certaines entreprises chinoises cherchent à s’adapter aux défis du marché mondial, en minimisant leurs liens avec leur pays d’origine. Cette stratégie peut leur permettre de contourner les obstacles réglementaires et les préjugés, mais elle comporte aussi des risques, comme celui de perdre leur identité ou leur avantage concurrentiel.