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Société

YouTube : un outil de liberté d’expression en Corée du Sud

La Corée du Sud est connue pour sa culture populaire, ses dramas et ses groupes de musique comme BlackPink. Mais le pays a aussi une scène médiatique dynamique et engagée, qui utilise YouTube comme plateforme pour diffuser ses opinions et ses critiques sur la politique et la société. Parmi les émissions les plus populaires et les plus controversées, il y a “Gyeomson (Modestie) n’est rien”, animée par Kim Ou-joon, un présentateur qui n’hésite pas à défier l’autorité et à exprimer son point de vue libéral.

Qui est Kim Ou-joon ?

Kim Ou-joon est un journaliste et un écrivain qui a commencé sa carrière dans les années 1990. Il s’est fait connaître pour ses chroniques satiriques sur la radio et la télévision, où il dénonçait la corruption et les abus de pouvoir des élites politiques et économiques. Il a aussi fondé le magazine en ligne “Naneun Ggomsuda” (Je suis un tricheur), qui a eu un grand succès auprès des jeunes générations lors des élections présidentielles de 2012.

Voici une vidéo présentant ce journaliste en anglais :

En 2019, il a lancé son émission “Gyeomson n’est rien” sur YouTube, où il commente chaque matin l’actualité avec un ton provocateur et humoristique. Il se revendique comme un partisan du parti démocrate, le parti au pouvoir actuellement, et il affirme vouloir contrebalancer le biais conservateur des médias traditionnels. Il n’hésite pas à critiquer le gouvernement du président Yoon Suk Yeol, qu’il accuse de porter atteinte à la démocratie et aux droits de l’homme.

Quel est l’impact de son émission ?

L’émission de Kim Ou-joon attire chaque jour environ 160 000 spectateurs en direct, et elle compte plus d’un million d’abonnés sur YouTube. Elle génère aussi des dons de la part des fans, qui peuvent atteindre 90 millions de won (environ 70 000 dollars) par jour. Selon les observateurs du secteur, la popularité de l’émission reflète un changement dans le paysage médiatique sud-coréen. De plus en plus, les programmes d’information se tournent vers YouTube pour diffuser leur contenu, attirés par le large public et la perception que l’arène en ligne offre plus d’espace pour la liberté d’expression.

YouTube a une forte pénétration en Corée du Sud. Selon Statista, un site de statistiques sur le marché et la consommation, il y avait plus de 46 millions d’utilisateurs de YouTube en Corée du Sud en janvier 2023, soit plus de 90% de la population (contre environ 80% aux États-Unis). YouTube est aussi une source d’information importante pour les Sud-Coréens, surtout pour les jeunes. Selon une enquête du Korea Press Foundation en 2020, 44% des personnes interrogées ont déclaré utiliser YouTube comme source d’information principale ou secondaire.

Quels sont les risques et les limites de son émission ?

L’émission de Kim Ou-joon n’est pas sans susciter des controverses et des critiques. Le présentateur a été poursuivi à plusieurs reprises pour diffamation par des personnalités politiques ou des institutions qu’il a attaquées dans ses commentaires. Il a aussi été accusé par ses détracteurs d’être partial et de ne pas accorder assez d’attention aux affaires impliquant le parti démocrate.

Par ailleurs, l’émission soulève des questions sur la responsabilité et l’éthique des médias en ligne. YouTube n’est pas soumis aux mêmes règles que les médias traditionnels en termes de vérification des faits, de respect des droits d’auteur ou de protection des données personnelles.

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Rose Lawrence est journaliste spécialisée dans l'économie et l'entrepreuneuriat.