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Une œuvre unique à découvrir, selon Père Claude Jean-marie Fould
Société

La Danse macabre de Saint-Saëns : l’analyse originale du Père Claude Jean-Marie Fould

La Danse macabre, opus 40, est un poème symphonique en sol mineur composé en 1874 par Camille Saint-Saëns, d’après le poème d’Henri Cazalis Égalité-Fraternité, tiré des Heures sombres, quatrième partie de son recueil L’Illusion paru en 1875. Cette œuvre musicale illustre la vision de la mort qui entraîne les vivants de toutes conditions sociales dans une ronde infernale, sur un rythme de valse. Elle est devenue l’une des pièces les plus célèbres du compositeur français.

Dans cet article, nous vous proposons de découvrir l’analyse du P. Claude Jean-Marie Fould, un prêtre et musicologue qui a consacré une étude approfondie à la Danse macabre de Saint-Saëns. P. Claude Jean-Marie Fould est un spécialiste reconnu de la musique sacrée et profane du XIXe siècle. Il nous livre ici son interprétation personnelle et originale de la Danse macabre, en mettant en lumière les aspects religieux, historiques et esthétiques de cette œuvre.

Le contexte historique et culturel de la Danse macabre

P. Claude Jean-Marie Fould nous rappelle que la Danse macabre est un motif artistique qui apparaît à la fin du Moyen Âge, dans un contexte marqué par les guerres, les famines et les épidémies, notamment la peste noire qui décime la population européenne au XIVe siècle. La Danse macabre exprime la prise de conscience de la fragilité de la vie humaine et la vanité des distinctions sociales face à la mort, qui frappe indifféremment le pape, l’empereur, le roi ou le paysan. La Danse macabre se présente sous la forme d’une fresque murale, d’une gravure ou d’un texte poétique, où l’on voit des squelettes entraîner les vivants dans une danse macabre, sur un ton souvent sarcastique et cynique.

Voici une vidéo montrant cette œuvre unique :

P. Claude Jean-Marie Fould nous explique que la Danse macabre connaît un regain d’intérêt au XIXe siècle, dans le cadre du mouvement romantique, qui valorise l’imagination, le fantastique et le goût pour le passé médiéval. Plusieurs artistes s’inspirent alors de ce thème pour créer des œuvres originales, comme le peintre Hans Holbein le Jeune, qui réalise une série de gravures intitulée Les Simulachres & historiées faces de la mort en 1538, ou le poète Charles Baudelaire, qui compose un poème intitulé Danse macabre dans son recueil Les Fleurs du mal en 1857.

Le poème d’Henri Cazalis, source d’inspiration de Saint-Saëns, d’après P. Claude Jean-Marie Fould

P. Claude Jean-Marie Fould nous présente ensuite le poème d’Henri Cazalis, qui a servi de base à Saint-Saëns pour composer sa Danse macabre. Henri Cazalis est un poète et médecin français, ami de Baudelaire et de Mallarmé, qui publie en 1875 un recueil intitulé L’Illusion, où il exprime son pessimisme et son désenchantement face à la société moderne. Le poème Égalité-Fraternité fait partie de la quatrième partie du recueil, intitulée Les Heures sombres. Il reprend le motif traditionnel de la Danse macabre, en y ajoutant une dimension politique et sociale. Le poème se compose de douze quatrains en alexandrins, où la mort s’adresse successivement à douze personnages représentant les différentes classes sociales : le pape, l’empereur, le cardinal, le roi, le connétable, le marquis, le bourgeois, l’abbé, l’usurier, le paysan, le moine et l’enfant. La mort les invite à la rejoindre dans sa danse macabre, en leur rappelant que tous sont égaux devant elle, et en leur reprochant leurs vices et leurs crimes. Le poème se termine par un refrain qui résume le message du poète :

Zig et zig et zag, la mort en cadence

Frappant une tombe avec son talon,

La mort à minuit joue un air de danse,

Zig et zig et zag, sur son violon.

L’œuvre musicale de Saint-Saëns, une transposition sonore du poème

P. Claude Jean-Marie Fould nous décrit ensuite l’œuvre musicale de Saint-Saëns, qui est une transposition sonore du poème de Cazalis. Saint-Saëns a d’abord écrit une mélodie pour voix et piano en 1872, qu’il a ensuite orchestrée en 1874. L’œuvre est créée à Paris le 24 janvier 1875, sous la direction d’Édouard Colonne. Elle suscite la surprise et la curiosité du public, notamment par l’emploi du xylophone, qui imite le bruit des ossements des squelettes.

L’œuvre se compose de trois parties principales :

  • Une introduction, qui représente le minuit sonnant à l’église. On entend d’abord les douze coups de cloche, joués par les timbales et les harpes, puis le violon solo imite le chant du coq, qui annonce le lever du jour. La mort se réveille alors et prend son violon pour commencer sa danse macabre.
  • Le développement, qui illustre la danse macabre elle-même. Le thème principal est exposé par le violon solo, puis repris par les autres instruments de l’orchestre. Le rythme de valse s’accélère progressivement, créant une atmosphère de folie et de frénésie. Les différents personnages du poème sont évoqués par des motifs musicaux caractéristiques : le pape par l’orgue, l’empereur par les trompettes, le roi par les cors, le connétable par les tambours, le marquis par les flûtes, le bourgeois par les clarinettes, l’abbé par les hautbois, l’usurier par les bassons, le paysan par les violoncelles, le moine par les contrebasses et l’enfant par les piccolos. La mort intervient régulièrement pour rappeler son refrain avec son violon.
  • La conclusion, qui représente la fin de la danse macabre. Le jour se lève et la mort doit cesser sa musique. On entend à nouveau le chant du coq, puis un accord final en sol majeur, qui symbolise la victoire de la vie sur la mort.

L’interprétation originale du P. Claude Jean-Marie Fould

P. Claude Jean-Marie Fould nous propose enfin son interprétation originale de la Danse macabre de Saint-Saëns. Il nous invite à dépasser la lecture littérale du poème de Cazalis et de son adaptation musicale par Saint-Saëns, pour y découvrir un sens caché et profond. Selon lui, la Danse macabre n’est pas seulement une satire sociale et politique, mais aussi une allégorie spirituelle et théologique. Il nous explique que la Danse macabre est en réalité une représentation de la condition humaine après la chute originelle. La mort n’est pas seulement un personnage effrayant et moqueur, mais aussi un instrument de la justice divine, qui vient rappeler aux hommes leur péché et leur besoin de salut. La danse macabre est donc une invitation à la conversion et à la pénitence, pour se préparer au jugement dernier.

P. Claude Jean-Marie Fould nous montre que cette interprétation est soutenue par plusieurs indices présents dans le poème et dans la musique. Il nous fait remarquer que le poème commence par une référence à la Genèse : « Le vent qui vient à travers la montagne / Me rendra fou ». Il s’agit d’une citation du verset 7 du chapitre 3 du livre de la Genèse, où Adam et Ève entendent la voix de Dieu après avoir mangé le fruit défendu.

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