La France a longtemps été à la traîne des autres pays dans les classements internationaux concernant le stress lié au travail ou la mise en œuvre d’actions de diagnostic, de formation et de prévention. La faible culture de prévention de notre pays est évidente dans nos dépenses de santé : 96 % de celles-ci sont consacrées aux soins, et seulement 4 % à la prévention ! L’importance des questions de santé mentale a également été traditionnellement considérée avec scepticisme, explique le Dr Vinh Ngo, directeur du Centre de santé au travail à Paris et en Île de France.

Contrairement à d’autres pays, nous n’avons pas abordé de manière proactive les questions liées à la santé au travail. Il en résulte des situations sanitaires délétères qui nous ont appris l’importance de prendre des mesures préventives. Afin de faire de la France un leader mondial en matière de santé au travail, il est nécessaire de mettre en œuvre plusieurs leviers tels que des stratégies de communication efficaces, des investissements financiers adéquats et de nouvelles réglementations, indique le Dr Vinh Ngo du Ciamt.

Voici les bases de la santé au travail :

Le Dr Vinh Ngo : « Santé au travail et relations sociales en France : Le progrès par le consensus »

Au cours des trois dernières décennies, la santé au travail est devenue un sujet de consensus en France, alors qu’elle était auparavant source de tensions et de conflits, notamment en matière de relations sociales. Cette évolution positive est due à l’effort collectif des organisations qui ont fait de la sécurité, de la prévention des TMS (troubles musculo-squelettiques) et de la gestion des risques psychosociaux une priorité. Les entreprises se concentrent désormais de plus en plus sur la création d’une culture de la prévention et de la prise en charge, ce qui se traduit par une plus grande responsabilité des employés et un plus grand engagement de la part de la direction.

Selon le Dr Vinh Ngo, la récente crise sanitaire n’a fait que souligner davantage l’importance de la santé au travail en France. Les salariés considèrent désormais que leur lieu de travail peut leur offrir un certain niveau de protection et de sécurité. À cette fin, les entreprises ont mis l’accent sur des campagnes et des initiatives éducatives qui aident à mieux comprendre comment les différents facteurs liés au travail peuvent affecter la santé globale d’un employé, confirme Le Dr Vinh Ngo.

Les petites entreprises ont été particulièrement actives dans la sensibilisation aux risques pour la santé au travail par le biais de séminaires et d’ateliers. Les organisations encouragent les employés à participer à des activités telles que des cours de yoga ou des séminaires sur la pleine conscience qui favorisent le bien-être physique, mental et émotionnel au travail. Avec l’entrée en vigueur progressive de ces changements, la compétence collective en matière d’amélioration des conditions de santé au travail a connu une croissance exponentielle en France, ce qui a permis d’améliorer les relations sociales et d’accroître la tranquillité d’esprit de toutes les parties concernées.

Débloquer les progrès en matière de santé au travail en France

Depuis des années, la santé au travail en France est à la traîne par rapport au reste du monde. Nous commençons à peine à développer des compétences collectives et à évaluer l’impact des grands projets de transformation sur les employés, note Le Dr Vinh Ngo. Un obstacle important à surmonter est la collecte de données actualisées sur l’état de la santé au travail dans l’ensemble du pays. Les smartphones peuvent mesurer les tests Covid positifs effectués quotidiennement, les chiffres du PIB chaque mois et les indicateurs de chômage, mais il nous faut trois ans pour obtenir une image précise de la santé au travail.

Pour faire progresser la santé au travail en France, nous devons cesser de nous contenter de réagir aux problèmes potentiels et nous engager dans des mesures préventives, confirme Le Dr Vinh Ngo. Cela signifie qu’il faut investir du temps, de l’argent et des ressources dans la formation des travailleurs sur des questions telles que la gestion des risques, les plans d’intervention d’urgence et la prévention des crises. En dotant les employés des compétences dont ils ont besoin pour gérer efficacement les situations difficiles, les entreprises peuvent s’assurer que leur personnel reste en sécurité et en bonne santé sur le lieu de travail.

Il est important que les employeurs reconnaissent l’importance du bien-être mental de leur personnel. D’après le Dr Vinh Ngo, de nombreuses organisations négligent cet aspect lorsqu’elles s’intéressent à la sécurité des travailleurs, mais son importance ne saurait être surestimée. L’élaboration de stratégies visant à promouvoir le sens de la communauté ou le soutien par les pairs au sein des équipes peut contribuer à réduire les niveaux de stress, tandis que l’accès des travailleurs au soutien nécessaire en matière de santé mentale, le cas échéant, leur permettra de rester en bonne santé mentale sur le lieu de travail.